Un peu d'histoire

Avec l’aimable autorisation de Mr Georges Bardout (Grauves, l’histoire et la légende d’un village oublié).

Le nom de Grauves semble venir du latin "grava", petite pierre, endroit caillouteux à gravier. L’orthographe évoluera au cours des siècles: Grava, Grauva, Grauvez, Grama, Graulve, Groves.

Les temps anciens :

Les premières traces de la présence de l'homme remontent au paléolithique :
Le relief de la Montagne d’avize était propice à l’implantation des populations qui pouvaient, depuis ces hauteurs, surveiller les vallées et se réfugier dans les profondes forêts si nécessaire. Les ateliers de taille de silex sont situés sur les “patis“, pâturage situés sur les plateaux, séparés par des bois touffus. Au cours des siècles suivants, les habitants sont redescendus progressivement dans la vallée, ce qui explique l’endroit où l’église a été construite…

Au début de XXème siècle furent découvert plusieurs ateliers notamment Rouge-Maison, Montgrimaux et Alancourt, où ont été mis à jours de nombreux objets datant de l‘époque paléolithique (époque de la pierre taillée), du néolithique (époque de la pierre polie) et jusque l'époque gauloise: grattoirs, lames, pointes, haches polies...Ce sont des centaines de pièces qui ont été ainsi découvertes. On y a également retrouvé des javelots et des flêches, et aussi des poteries dont le "vase de Grauves",exposé au musée d'Epernay.
En 1905, à l'occasion des travaux d'adduction d'eau, on découvrit aux "Grillots" des traces de canalisations gallo-romaines.

Du moyen-âge à la révolution

Au moyen-âge, le territoire de Grauves est divisé en de nombreux domaines appartenant aux comtes de Champagne et, au cours des siècles, cela générera de nombreux conflits.

Lors de la fondation de l'abbaye d'Argensolles en 1221, Blanche de Champagne lui attribue des terres autour de Grauves et Montgrimaux. En 1233, en récompense de l'implication de la population pour la défense du comté de Champagne, elle octroie une charte d’affouages sur les bois de l’abbaye aux habitants de Cuis et de Grauves.

Dés lors, ces deux villages vont se partager la gestion de cette forêt et de nos jours, c'est la commission syndicale de la forêt indivisée de Cuis et de Grauves (créée en1998 et qui comprend 2 délégués de chaque village) qui a en charge cette gestion.

L’abbaye d’Argensolles possède de nombreux biens et restera puissante pendant plusieurs siècles jusqu’a son abandon en 1791 puis son démantèlement. De nos jours, il ne reste rien de cet édifice, que quelques tas de pierres dans une prairie sur le territoire de Moslins.

Il ne reste plus rien non plus de la maison forte de Favresse , ferme située sur le plateau alors recouvert de prairies et de champs. Cette batisse évoluera au cours des siècles: vers 1565, elle sera occupée par le seigneur de Cramant et s’agrandira pour devenir un chateau avec 4 tours, fossés et pont-levis, puis elle périclitera et tombera en ruines. Ce qui restait, une maison forestière, disparaîtra dans la tempête de 1999.
La consultation des archives a permis de retrouver l’existence de Rouge Maison en 1341 et du moulin du Darcy en 1487. Un deuxième moulin y fut coustruit en contrebas en 1542: le cours d’eau était alors plus important et permettait d’alimenter ces moulins utilisés pour la fabrication de la farine.

Fin du XVème siècle, commence le règne de la toute puissante famille Barillon qui, jusqu’à la révolution, sera détentrice d’une grande partie de Grauves.

Le 7 mars 1789, les habitants se réunissent pour rédiger leur cahier de doléances.
Le 27 janvier 1790, lors du premier conseil municipal est élu le premier maire de Grauves, le Sieur Jacques Vatel.
En 1791, sont mis en ventes aux enchères publiques tous les biens de l’abbaye d’Argensole et autres communautés religieuses.

XIXème et XXème siècle…à travers quelques cartes postales

L’habitat :

Au XIXème siècle, les habitations sont de torchis, de bois ou de pierre et couvertes de chaumes. Comme il a été interdit en 1852, le chaume est remplacé par des tuiles plates sorties de la tuilerie locale.


Tuilerie de Montgrimaux

Les rues sont à peine empierrées…Il n’y a pas l’eau courante, on va à la fontaine.
Un éclairage public composé de 4 lumignons fonctionnant au pétrole, a été installé à la fin XIXème siècle.
En 1902, arrive le téléphone. En 1911, le village adhère au syndicat du Cubry, chargé de la gestion de l’eau ainsi qu‘ à un projet d’électrification qui aboutira en 1913. En 1928, le vote de la loi Loucheur permet à quatre habitants de faire construire leur maison à un coût et des conditions abordables sur des terres du „clos Fournier“ : c’est le premier lotissement.
Louis Loucheur était ministre du travail et de la prévoyance sociale de1926 à 1930 et fit voter une loi en vue de remédier à la crise du logement grâce à des prêts accordés par l’état.

Sur cette carte, on distingue les 2 maisons du Clos Fournier, derrière la mairie-école :

A partir de 1950, avec l’essor de la vigne, les constructions ou améliorations de l’habitat existant augmentent, En 1970, un lotissement est créé au „Grand pré“. Quelques années plus tard, de nouveaux terrains sont batis en direction d’Avize puis plus recemment, terres des Rouillons“. Plusieurs maisons, sont également louées par la commune.

Vers 1930, le village se dote d‘une salle de gymnastique pour sa société la fraternelle de Grauves. Cette salle devient bien vite la salle des fêtes.

L’école

Au début du XIXème siècle, il n’existait qu’une école et elle ne comprenait qu’une seule classe. Elle était contigüe à la mairie, située à l’angle de la rue du Buat et de la rue de l’église et comprenait la salle de classe, le logement du maître, un fournil et un jardin. En 1862, le conseil se réunit pour parler des besoins de l’instruction et de la classe unique comptant parfois plus de 80 enfants. En 1865, est décidé l’ouverture d’une école de filles située Grande rue et Place de la Halette.

En 1884, la mairie-écoles est construite, l‘ancienne, devenant trop vétuste. Elle compte une classe de garçons, une classe de filles et une classe enfantine soit 100 écoliers de 5 à 13 ans pour une population de 500 habitants environ.

Ce bâtiment abrite toujours la mairie, le bureau du syndicat scolaire et à l’étage, des logements communaux. Une nouvelle école a été construite en 1988 suite au regroupement scolaire de plusieurs communes.

L’eau

Elle est abondante sous toute ses formes: fontaines, lavoirs, étangs et surtout ruisseaux dont l’eau alimente les moulins servant à la fabrication de la farine: moulins du Darcy, moulins des Babeaux et le moulin des prés (situé rue d’Epernay, au niveau de l’entreprise Gaspard)


En 1904,Grauves comptait 4 lavoirs, 5 abreuvoirs pour les bestiaux et 9 fontaines mais le problème de l’eau étant récurrent soit par la pollution des sources superficielles, soit par le manque ou le trop plein qui inondait les maisons, la commune se dote d’une adduction d’eau en 1912 après des travaux considérables: captation de la source des grilliots, creusement d‘une galerie souterraine et d‘un réservoir, canalisations de distribution dans le village vers 6 fontaines et 4 bouches à incendie.

Les fontaines ne coulent plus, les lavoirs sont détruits, dont celui de la rue du chateau et de la rue des petits prés en 1967: ne reste plus aujourd’hui que celui de la Grande Rue

Les vignes

Au XIXème siècle, elles ne constituent pas la majorité de l’activité agricole. Les agriculteurs, éleveurs de bétail, maraîchers et petits paysans possèdent tous une galipe. A coté, les vignerons, propriétaires récoltants sont peu nombreux. La culture de la vigne est archaïque, les parcelles sont minuscules et très dispersées. De plus, la vigne subit des gelées sevères et des maladies variées dont le phylloxéra.
De nombreuses cartes postales montrent le travail de la vigne au début du XXème siècle :

En 1948, débutent les travaux de la coopérative vinicole.

Plusieurs grandes maisons de Champagne se sont implantées à Grauves notamment Moêt et Chandon dont le vendangeoir abrite actuellement les ateliers municipaux et Bollinger dont la maison a été détruite : on trouve à sa place aujourd’hui la maison des associations et le jardin aménagé pour les enfants.

Les temps de guerre :

Grauves est à 45 km de la ligne de front et le canon se fait entendre, très inquiétant. Dés la déclaration de guerre, est fournie une liste de volontaires engagés dans la garde communale.
Dés octobre 1914, les réfugiés commencent à affluer, venant du nord du département, des Ardennes et de Belgique. Les habitants font preuve de la plus large hospitalité. Sur le front, à Verdun et sur la Somme, les nouvelles des blessés sèment la consternation et les morts qu’on rapatrie endeuillent le village. A partir de 1916, des troupes sont cantonnées dans la commune: les gradés sont logés chez l’habitant et les soldats dans des baraquements sur la terre du Clos Fournier. Les Allemands ne passeront pas par Grauves qui évitera donc la catastrophe.

La vie après l’Armistice reprend petit à petit son cours. Le 17 novembre 1919, Grauves reçoit l’autorisation d’élever un monument aux morts de la Grande Guerre.

Lors de la seconde guerre mondiale, l’ordre d’évacuation lance certaines familles sur les routes. Après cet exode douloureux, elles regagneront leurs habitations. Grauves ne sera pas occupé par les troupes allemandes, ni par les milices, ni par la gestapo. Il n’y aura pas de Kommandantur. Seuls, deux Feldgendarmes viennent plusieurs fois par semaine pour affaires administratives et le maire reçoit des ordres écrits de la Kommandantur d’Epernay: couvre- feu, restitution des armes, travail…
Pendant 4 ans, la vie va s’organiser avec pour mot d’ordre „la débrouille“, certains vont prendre le maquis, ceci jusqu’à la libération.